Shepard Fairey

Activiste avant tout !

Depuis plus de 25 ans, Shepard Fairey produit des travaux très reconnaissables alimentés par la même motivation. Il est reconnu mondialement lors de la campagne présidentielle américaine de 2008 avec la création du poster HOPE de Barack Obama qui deviendra une icône de la campagne.


Un artiste subversif

Que ce soit transmise par des affiches de rue étendues ou emballées dans des expositions de galeries, son art aborde des sujets provocateurs allant du pouvoir politique au changement climatique, de manière à ne pas attirer l’attention. Il a été arrêté plusieurs fois en cours de route. En 1989, la campagne de l’art de rue de Andre Whist, de Shepard a proliféré à travers les États-Unis, en grande partie grâce à des autocollants distribués par la communauté de patinage ou collés sur des murs. Mais une fois qu’il a modifié l’image pour simplement lire OBEY, c’est à ce moment là que son oeuvre est devenue un message de résistance se répandant autour du monde. Par la suite, il essaie de gagner sa vie en tant que figure de contreculture rebelle ne faisant que susciter plus de défis, de controverses et de questions.

Il est juste de dire que Shepard Fairey est l’artiste de rue le plus reconnu de notre génération. Il a tellement réussi qu’il a transcendé le domaine du graffiti et de l’art de la rue vers une icône, un entrepreneur, un pionnier et un symbole d’intégrité artistique. Le monde reconnaît son nom en tant que synonyme de peintures murales à grande échelle, des campagnes d’affiches de haut niveau avec Led Zeppelin, Queens of the Stone Age, Flaming Lips et Black Keys pour n’en nommer que quelques-uns. Le travail de Shepard Fairey est influencé par Andy Warhol, Alexander Rodtchenko, Barbara Kruger, Robbie Conal et Diego Rivera. Sa campagne Obey est en partie inspirée du film de John Carpenter “Invasion Los Angeles”. Il en récupère plusieurs slogans, comme Obey, ou encore This is Your God.

OBEY by Shepard Fairey

Investit dans la politique américaine

La politique américaine

Le design a été créé en une journée et a été imprimé en premier comme affiche. Shepard Fairey a vendu 290 affiches dans la rue, immédiatement après leur impression. elles ont ensuite été distribuées par milliers au cours de la campagne électorale américaine de 2008, indépendamment mais avec l’approbation de Barack Obama. L’image est devenue l’un des symboles les plus largement reconnus du message de campagne d’Obama, engendrant de nombreuses variantes et des imitations, dont certaines commandées par la campagne Obama. Fairey déclare s’être inspiré du portrait bien connu de John F. Kennedy où il est posé dans une vue de trois quarts qui regarde légèrement vers le haut et vers l’extérieur. Shepard Fairey a eu plusieurs fois l’occasion de s’exprimer sur l’origine de son œuvre. C’est une photo de Mannie Garcia, photographe indépendant. Lorsqu’il prend le cliché de Barack Obama, le 27 avril 2006, Mannie est au premier rang du National Press Club. Sa mission n’est pas de le photographier lui, mais George Clooney, qui vient visiter des camps de réfugiés au Darfour. Or, Barack Obama, alors sénateur de l’Illinois à cette époque, accompagne l’acteur, c’est ainsi qu’il se retrouve sur plusieurs clichés. Plus d’un an après, Fairey va être attiré par ce même cliché alors qu’il cherche sur Google un portrait du candidat démocrate à la Maison Blanche. Créée en 2008 via sa société Obey Giant, le poster révèle les influences de Shepard Fairey : les affiches de propagande soviétique des années 30, le travail d’Andy Warhol et de Rodtchenko.


Vos images ont un effet profond sur les gens, qu’elles soient vues dans une galerie ou sur un panneau indicateur.
Barack Obama, Ex-président des États-Unis (2009-2017)

En février 2009, l’Associated Press a annoncé qu’ils avaient déterminé que la photo utilisée pour l’affiche est une photo de presse et que son utilisation requiert une permission, il est, par la suite, accusé d’avoir cacher des preuves de l’utilisation de cette photo. À mesure que la campagne progressait, de nombreuses parodies et imitations du design de Fairey apparurent. Par exemple, une version anti-Obama a remplacé le mot Hope par Hype, alors que les affiches parodiques avec les adversaires Sarah Palin et John McCain avaient le mot Non. Son impact a été tel que le poster va être décliné par Barack Obama pour faire passer d’autres messages, floquant son portrait de son slogan de campagne "Yes we can", mais aussi de "Yes we did", une fois élu. Message qui prendra une autre signification quand il l’a prononcé lors de son dernier discours officiel, à Chicago, là où tout à commencé. Il a produit deux autres versions, basées sur différentes photographies, officiellement au nom de la campagne d’Obama et une autre pour servir de couverture du numéro de Time of the Year de Time.

Yes We Can - Barack Obama by Shepard Fairey

2017, une vision bien différente

Une vision différente

Huit ans après l’affiche Hope de Barack Obama, la promesse de changement qui unissait des millions de citoyens américains ne deviendra qu’un lointain souvenir, Vendredi 20 Janvier 2017, lors de la cérémonie d’investiture de Donald Trump. Le dernier acte d’une élection marquée par la campagne polémique et ô combien clivante du Républicain. Des centaines de milliers d’Américains ont manifesté pendant et après l’investiture du populiste, pour protester contre sa vision du pays. Une marche des femmes à Washington est notamment organisée au lendemain de l’événement. Et alors que certains seront vêtus d’un petit bonnet rose avec des oreilles de chats, en référence aux déclarations sexistes de Donald Trump, d’autres pourront s’exprimer à travers les posters de l’artiste américain Shepard Fairey.

Pour représenter ce nouvel espoir, Fairey a intitulé symboliquement sa campagne "We The People", les tous premiers mots du préambule de la Constitution des États-Unis. Il s’agit d’une série de portraits représentant la diversité culturelle et religieuse du peuple américain. Pour l’occasion, l’artiste s’est associé à Aaron Huey et The Amplifier Foundation afin de lancer une campagne sur Kickstarter, le site de financement participatif. Les dons permettront notamment d’acheter un espace de pub en pleine page dans le Washington Post. à paraître le 20 janvier 2017, jour de l’investiture du nouveau président américain, et d’y représenter un des portraits. Tout le monde pourra se saisir du journal et le brandir afin de manifester contre la haine, la peur et le racisme qui ont été banalisés pendant la campagne présidentielle de 2016.

Avec 1 365 005$ réunis, cette collecte de dons a connu un grand succès, dépassant de très loin le palier initial des 60 000$ ! Avec le reste des dons, la fondation pourra imprimer la série de portraits plusieurs milliers de fois et les distribuer gratuitement dans tous Washington. Les trois affiches présentent des femmes musulmanes, latino-américaines et afro-américaines. Trois catégories qui avaient été les plus critiquées par Trump, et qui seront peut-être les plus vulnérables dans la mesure où leurs besoins risquent d’être complètement négligés par l’administration Trump. Durant les élections de 2016, Fairey déclare soutenir le candidat Bernie Sanders lors de la primaire avant de se ranger derrière Hillary Clinton au second tour qui échoue face à Donald Trump.

We the people by Shepard Fairey We the people by Shepard Fairey We the people by Shepard Fairey We the people by Shepard Fairey

Peintures murales

Shepard Fairey ne fait pas que dans la politique, il est avant tout un artiste street art. Nombre de ces oeuvres sont réalisées sur des murs de bâtiment de plus de 30 mètres de haut qu’il réalise sur une nacelle en compagnie de quelques assistants, c’est ce qui rend son travail impréssionnant. Ses peintures murales sont présentes dans le monde entier: principalement au États-Unis mais aussi en Europe, en Asie, en Afrique ou encore en Australie. Pour réaliser ses énormes peintures, Fairey s’inspire de la propagande, et en particulier du constructivisme russe. Il atteint l’essence iconique des choses en concentrant les ingrédients, avec une palette de couleurs limitée, ce qui apporte un concept fondamental qui fait référence aux publicités américaines qui est la forme la plus envahissante de propagande.

Fairey absorbe l’histoire de son pays, la culture actuelle, les enjeux du monde et les restitue à sa façon, urbaine et contemporaine.
Ses images se répandent sur un mode viral, incontrôlable, qui rappelle la vitesse et le côté insaisissable du web : entre le légal et l’illégal, la création pure et le business. Aujourd’hui Shepard Fairey est un artiste populaire, en diffusant ses oeuvres par le plus de moyens possibles. Une dynamique que l’on retrouve dans le street marketing dont il est l’un des précurseurs. Il décline ses oeuvres sous différentes formes et fait souvent face à de vives critiques sur la dualité entre art de rue et fins consuméristes. Une propagande qui fait couler beaucoup d’encre synonyme de bonne nouvelle pour Fairey qui fait débuter sa révolution pour un monde meilleur.

Shepard Fairey
Shepard Fairey
Shepard Fairey
Shepard Fairey
Shepard Fairey

Shepard Fairey

Artiste

Shepard est né en 1970 à Charleston aux Etats-Unis. Il plonge dans l’univers du graphisme dès l’âge de 14 ans en dessinant des images qui seront floquées sur des t-shirt et des skateboards.

À l’école Rhode Island School of Design, il créé à partir de la figure du catcheur André the Giant une série de stickers et d’affiches qu’il colle clandestinement par milliers sur les murs des villes américaines.