“Ça n’a surpris que les gens qui ne sont pas allés sur Internet ces deux dernières semaines”, s’amuse Pascal Monfort, directeur du cabinet de tendances REC. En effet, début janvier, la Toile s’enflammait au sujet d’une rumeur à laquelle les fans voulaient croire. Celle d’une collaboration entre le leader de la mode street aux États-Unis, et un des mastodontes de l’industrie du luxe: Louis Vuitton. C’est une photo postée par Kim Jones, directeur artistique de la ligne homme de la griffe, sur son compte Instagram qui a semé le doute. Sur le cliché : une toile de cuir frappée du monogramme “LV” et customisée par un stickers smiley Supreme. Rapidement retiré, il lui a néanmoins suffi de quelques minutes d’existence sur le réseau social pour mettre le web en émoi. La communauté de fans rappelait qu’au début des années 2000, Supreme avait détourné, sans autorisation, le fameux monogramme. Un geste subversif qui lui aurait valu une assignation en justice. De quoi donner encore plus de saveur à une collaboration déjà fantasmée.
Cette association aura fait couler beaucoup d’encre, beaucoup pense que c’est l’une des collection les plus importantes de l’histoire de la mode, une union entre deux des noms les plus emblématiques du monde qui représente le briseur de mur ultime dans les domaines de la rue et du luxe. Au final, de la folle rumeur à la réalité, les deux marques on réussi à coexister entre streetwear et high-mode, une fusion qui feras longtemps débat mais qui n’enlève en rien la réussite de cette collaboration. Au lendemain du défilé les articles fusent, les compliments ne cessent. Il n’y a qu’un mot à la bouche des gens : Louis Vuitton x Supreme. Le hashtag #LVxSUPREME est utilisé non stop et les médias ne parlent que de ça. Sans surprise, la réaction est unanime, Louis Vuitton a réussi à surprendre encore une fois. L’inspiration de cette collection vient tout droit des rues de New-York, et la collection nous le fait bien ressentir, l’esprit Supreme n’a jamais été aussi présent !
La mode streetwear vient de basculer dans une autre sphère. Et même si on sait que quasiment personne ne pourra se procurer les pièces présentées, que cela soit pour des raisons financières ou de disponibilité, le symbole est fort.
Plus particulièrement Louis Vuitton fait part de toute la magie du haut de gamme à la française, elle témoigne un respect sans précédent à une autre marque, qu’on pourrait à première vue imaginer diamétralement opposée sur le spectre de la mode.
Si Louis Vuitton a réussi à marquer les esprits avec son défilé, il a aussi eu le dernier mot en matière de collaborations. Depuis plusieurs saisons, les griffes ont soigné leur communication à coups de capsules toujours plus attendues. De la rencontre entre Vêtements et Juicy Couture à celle entre Gosha Rubchinskiy et Fila, la collaboration est la dernière combine des maisons pour renouveler l’expérience du luxe. “Kim Jones boucle la boucle. Non seulement de la rencontre entre l’univers du luxe et le monde du streetwear mais aussi de la collaboration sur les podiums”, assure Pascal Monfort. D’ailleurs pour ce spécialiste des tendances, il serait temps de passer à autre chose. “Si on se projetait dans un avenir un peu plus lointain, après celle-ci, faire des collaborations devrait devenir ringard”. Les futurs consommateurs des maisons de luxe sont séduits. Peut-on à présent passer à autre chose ?
C’est justement parce qu’à première vue, tout oppose ces deux griffes, que l’idée d’une capsule agite les foules. Mais si la mode s’est emballée après le défilé homme, pour Pascal Monfort la rencontre n’est pas vraiment fortuite. Pour lui, l’association entre ces deux mondes n’est pas nouvelle. “La mode tourne autour du pot depuis plusieurs saisons”, assure-t-il. Les personnes à la tête des directions créatives des deux marques ne sont pas si éloignées. “Kim Jones et James Jebbia ont des univers similaires. Kim Jones fait partie de cette génération de créateurs qui a grandi avec Supreme. Sa collection Automne-Hiver 2017-2018 est inspirée par la ville de New-York et Supreme, c’est le label qui incarne le mieux la jeunesse new-yorkaise”. Parce que c’est de ça dont il s’agit : toucher un public plus jeune. On notera que collaboration ou pas, la marque reste fidèle à ses principes. Une marque streetwear capable de s’associer avec les plus grand nom de la mode.
Supreme dévoile son dernier projet avec la marque française Comme des Garçons. La collection s’inspire de l’ensemble des campagnes de Stephen J. Shanabrook faites pour la campagne Printemps-Été 2010. Le duo nous présente une gamme complète composée d’une parka, d’une chemise, d’un sweat à capuche, d’une pochette, d’un portefeuille et enfin d’une Nike Air Force 1 Low.
Quelques semaines après la collection Supreme X Louis Vuitton, Supreme continue sa love story avec la France en présentant une collection avec Lacoste. Le parallèle entre les deux marques est d’ailleurs amusant : toutes deux ont des héritages liés au sport et font l’objet d’un culte à la fois dans la haute bourgeoisie et la rue, mais une trajectoires opposées auprès de ces populations.
